Critical texts
2024
· Dominique Païni
· Elsa Hougue2023
· Estelle Marois
· Didier Semin
· Marie Maertens
· Marie de Brugerolle & Anne Dary2022
· Guy Boyer
· Benoit Blanchard & Sarah Mercadante2021
· Joël Riff
· Conversation
— Jennifer Douzenel — M. Wallon
→ Horya Makhlouf2020
· Lignes Brèves2019
· Joël Riff
· Entretien avec Karin Schlageter2018
· Sarah Ilher-Meyer
· Entretien avec Point Contemporain2017
· Anne Collongues
· Théo-Mario Coppola2015
· Marianne Derrien,
— Le mirage des images2014
· Marion Delage de Luget,
— L’horizontalité à l’œuvre2013
· Marianne Derrien,
— Saxifraga Umbrosa2011
· Anne Collongues
« Brasser carré », c’est avoir de la chance. Le vent arrière qui souffle sur les vergues du bateau en position perpendiculaire, souffle bienveillant et inspirant sur le pinceau de Marine Wallon et devant la caméra de Jennifer Douzenel. L’expression empruntée au vocabulaire maritime est synonyme d’un voyage agréable sans effort pour l’équipage qui se laisse porter par le vent et profite du paysage. C’est ce même vent, heureux adjuvant, qui pousse et qui relie les œuvres de Jennifer Douzenel et de Marine Wallon.
Un motif rouge sur le ciel bleu, drapeau ou coquelicot, une onde d’eau qui remonte à contrecourant d’un fleuve tranquille, une attention au monde et aux ruptures qui le composent, voilà ce qui guide la vidéaste quand elle attrape l’instant au vol et la peintre lorsqu’elle le reproduit sur la toile. Chacune, à sa manière, espère atteindre l’interstice qui délimite l’harmonie du chaos, le fond de la forme, et dans lequel tout se fond en même temps. La toile et l’écran de projection parviennent à dessiner cet espace intermédiaire, seuil entre les mondes visible et invisible : le pont du navire en brasser-carré, depuis lequel entrevoir l’horizon qui s’esquisse, et comment s’y amarrer.
L’admiration et la complicité qui lient Jennifer Douzenel et Marine Wallon viennent de ce qu’elles partagent et transmettent, chacune avec ses moyens: une oscillation constante, l’impossible captation complète de ce qui a déclenché l’acte créateur, cette part d’imprévu et de hasard qu’elles cherchent à retranscrire au moyen de médiums que l’histoire de l’art n’avait pas prédit si complémentaires. Pénétrer leur dialogue, c’est naviguer à vue, frôler les miracles imperceptibles de ce qui nous entoure pour arriver à bon port, grâce au vent qu’elles ont soufflé dans notre dos.
Horya Makhlouf